Une édition limitée des œuvres musicales
de Léo Ferré et Feu! Chatterton.
Une préface signée Jean-Pierre Sakoun :
« Un apatride, arménien de l’Empire ottoman, tourneur en usine, internationaliste membre du Komintern, va entrer au Panthéon. C’est un évènement qui sort du commun.
Plus extraordinaire encore, c’est un poète. Un ouvrier, un poète, un résistant. Et cet Arménien à écrit l’une des plus belles lettres de la littérature française. Cette « Lettre à Mélinée », dont la lecture ne peut qu’arracher des larmes et forger les résolutions.
L’héroïsme entretient dans notre pays un rapport étroit à la littérature et à l’art. France, mère des arts et des armes écrivait Du Bellay… Depuis le Chanson de Roland il n’est de héros que magnifié par les mots. Jean Moulin ne serait pas Jean Moulin sans le discours d’André Malraux ; Missak Manouchian ne serait pas cette figure emblématique des noces de la France et des étrangers qui ont contribué à sa grandeur sans le poème de Louis Aragon.
La force des mots de Missak était telle qu’Aragon eut le génie de les reprendre dans son poème.
Et comme au temps des troubadours, c’est la chanson de Léo Ferré reprenant Aragon reprenant Manouchian qui a donné un écho éternel à Missak et à ses vint-et-trois compagnons. Cette alliance du rouge et du noir, du poète communiste et du barde anarchiste pour célébrer ces étrangers morts pour la France est un symbole qui a permis comme le disait Ferré, que la poésie entre dans les juke-box et que tous les Français s’en emparent. De Monique Morelli à Feu! Chatterton, « L’Affiche Rouge » n’a cessé d’être chantée, gardant toute sa force tant les mots et les notes en sont puissants.
« Je suis sûr que le peuple français saura honorer ma mémoire dignement » écrivait Missak. Le poème et le chant y ont pourvu, tout le temps qu’il a fallu pour que le peuple français se souvienne de ce devoir et l’accomplisse.
Du Mont-Valérien un froid après-midi de février 1944 au Panthéon quatre-vingts ans plus tard, il n’y a pas beaucoup plus d’espace à franchir qu’entre les deux faces de ce disque, qui de 1959 à 2002, accompagne avec ferveur et talent, beaucoup de talent, l’amoureux de l’universel, de la France et de Mélinée, à la dernière demeure qu’ils partageront avec tous les Français. »
Jean-Pierre Sakoun, Président du Comité pour l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon